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12 novembre 2009

n°3

Previously: n°1n°2

Au fil des minutes qui passent comme des jours entiers, la douleur s'intensifie. Annie ne sait plus comment se tenir. Elle essaie de rouler sur le côté gauche pour calmer les contractions qu'elle ressent dans tout le ventre et dans les reins mais rien n'y fait. Sa respiration s'accélère et les encouragements de l'infirmière ne la calment pas vraiment. Elle fulmine contre la douleur et contre Georges. Elle voudrait être ailleurs, ne plus avoir mal. Bien sûr, elle avait entendu des conversations sur les accouchements mais jamais elle n'aurait pu imaginer qu'elle puisse ressentir ça. A bout de souffle, elle parvient à articuler:
"Je me sens pas bien... Je vais m' évanouir..." Son regard se trouble et les voix s' éloignent. Elle entend un sifflement de plus en plus intense et de la sueur froide sur son front et dans sa nuque la fait frissonner. Et puis soudain, c'est le trou noir...

Pendant ce temps, Pierre et Léontine assistent à l'entrée de deux autres personnes dans la salle d'accouchement. Ils sont vêtus de blanc et déjà masqués. L'inquiétude commence à les envahir mais aucun des deux ne prononce un mot.
Au même moment, Annie subit une anesthésie au masque et le médecin essaie d'aller récupérer le bébé à l'aide des forceps. Il consulte son assistante qui lui confirme que la patiente est stable. Selon le monitoring, le bébé semble aller tout à fait bien , lui aussi. S'aidant des contractions qui commencent à expulser l'enfant du ventre de sa mère, l'accoucheur applique les forceps de chaque côté de la tête qu'il devine, à l'entrée du col de l'utérus. Les positionnant du mieux possible, il tire délicatement sur la tête. Le miracle opère car quelques secondes plus tard, une petite fille hurle à plein poumon! Il est 19 heures 32. Un bracelet rose sans nom est placé au poignet droit du nouveau-né.

Pierre et Léontine entendent crier  l'enfant et se lèvent d'un bond, regardant avidement la porte de la fameuse salle. Une femme en sort presque aussitôt un sourire aux lèvres et leur annonce que c'est une fille. Elle les rassure, tout va bien, on est en train d'examiner l'enfant, de le peser et de le mesurer. La maman va partir en salle de réveil car elle a fait un petit malaise qui lui a valu une anesthésie pour que l'accouchement continue à se dérouler correctement. Ils verront le bébé dans un petit quart d'heure et leur fille dans un peu plus de deux heures. Qu'ils se rassurent, tout va pour le mieux. Il faudrait aussi prévenir le papa... Tiens où est-il au fait?

Ma Lisa, que tu es petite, que tu es mignonne, tu as l'air si fragile. Pierre porte délicatement sa petite-fille sur son bras gauche et lui caresse la joue du bout du doigt. Il est tout retourné et éprouve des sentiments très confus. Une larme vient rouler sur son visage. Un sentiment de fierté l'envahit et tout à la fois, une colère immense lui tord les tripes. Où est ce bougre d'âne de Georges? Pourquoi n'est-il pas le premier à prendre cette petite dans ses bras?
"Où est Georges? Quand je vais le voir, je vais lui casser la gueule!
- Calme-toi  Pierre! Ne parle pas comme ça devant la petite!
- Mais tu te rends compte! Il n'est pas là! Il a laissé ma fille accoucher sans lui! Je vais lui tordre le cou!"
La rage lui déforme les traits et donne une couleur rose vif à son visage.
"Donne-la moi. Là... Viens avec ta mémé, petite puce..."
Pierre laisse Léontine prendre Lisa. Avec délicatesse, elle passe ses deux mains dans le petit dos et soulève le petit corps endormi. Les grands-parents sont furieux mais heureux. Bientôt, ils verront Annie et c'est tout ce qui compte.

Aux alentours de vingt-deux heures, Annie est installée dans sa chambre avec sa fille. Elle la cherche des yeux aussitôt qu'elle passe le pas de sa porte sur son lit roulant. Le brancardier qui la conduit lui a affirmé que sa petite, oui c'est une fille, l'attend patiemment avec ses parents et qu'elle va pouvoir la prendre dans ses bras. Effectivement, à peine a-t-elle franchi le seuil de la chambre qu'elle apperçoit un petit lit transparent avec un bébé endormi. Très émue, elle éclate en sanglots et demande: "C'est mon bébé? Mon dieu qu'elle est jolie! Je veux la tenir, maman, passe-la moi s'il te plaît..." Lisa est posée avec précaution dans les bras de sa maman et Annie pleure de plus en plus. Ses parents assistent avec désarroi, tristesse, joie et bonheur à tout ce capharnaüm d'émotions. Dans le silence de la chambre, l'on entend que les sanglots profonds de la nouvelle maman. Personne ne dit rien, d'ailleurs, personne ne sait quoi dire. La seule pensée qui anime tout le monde est Georges. Finalement, il aura réussi à monopoliser l'attention toute la journée par son absence alors que la vedette en ce 27 janvier est sans aucun doute Lisa.

"Annie, nous allons rentrer. On va prendre un taxi et on reviendra te voir demain matin, d'accord?
- Oui... J'aurais tellement voulu que...
- Je sais ma petite, répond Pierre en déposant un baiser sur le front de sa fille, je sais."

Il est 23 heures 51 quand Annie éteint la lumière douce de son chevet. Lisa est bien endormie dans son petit berceau.

***

"Nous sommes le 27 janvier 1972, il est 19 heures, tout de suite, le journal est présenté par..." Christine ne laisse pas au présentateur d'Inter terminer sa phrase, elle tourne la molette du poste. Depuis maintenant deux bonnes heures, elle essaie de maîtriser les douleurs de son ventre. Seule à la maison, elle attend avec une impatience grandissante le retour de son mari, François. A-t-il compris tout à l'heure quand il est parti soit disant pour deux minutes, que Christine allait peut-être donner naissance au bébé aujourd'hui? Oui, bien sûr, il ne peut pas ne pas avoir compris.

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Commentaires
V
MissBrownie: Ca va viendre!
M
Oui, la suite!!!
V
Mamzellescarlett: Reviens vite, tu sauras tout!
M
ça doit être terrible d'accoucher toute seule. Comment va-t'elle pouvoir lui pardonner cette lâcheté (quel salaud ce Georges !)?<br /> Suite au prochaine épisode. ARGHHHHHH !
V
Ghis: Je sais tenir mon lectorat en haleine! Ha ha!!!<br /> <br /> Eudoxie: Tu vas voir!
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