J’ai rencontré un fou !
Avez-vous déjà testé une rencontre avec un fou ? Non ? Et bien, je l'ai fait pour vous, allez hop, ça, c’est fait !
Je me baladais (sur l’avenue, le cœur ouvert à l’inconnu…) en plein centre ville quand un homme, costume-cravate, attachée case à la main s’avance vers moi en regardant distraitement sa montre.
- Excusez-moi, vous avez l’heure ? Me demande-t-il du tac au tac.
La surprise devait se lire sur mon visage, (décidément, je ne ferai jamais agent secret, je ne sais pas masquer ce que je pense), il continue :
- Ma montre a du s’arrêter.
Rassurée par cette dernière info, (enfin, je dis « rassurée » mais je n’étais pas inquiète non plus, disons que sa question prenait un air crédible), je consulte ma montre et je réponds.
- Très bien, donc, nous avons le temps de prendre un café, me lance-t-il alors.
Re-surprise sur mon visage mais il n’en fait pas cas cette fois et il continue :
- Allez, viens Magalie, on va prendre un café, ne reste pas plantée comme ça !
A ce stade, c’est un sourire qui s’inscrit sur mon visage et mes yeux cherchent une caméra (cachée, forcément, donc je ne la verrai pas) ou un complice, (quelqu’un que je connaîtrais et qui me ferait une farce ?).
Que nenni !
Il m’agrippe alors par le bras et me répète ou plutôt me dit, presque méchamment cette fois :
- Bon alors, Mélanie, tu viens oui ou non !
Je ne me laisse pas démonter et la colère commençant à monter, (bah oui, j’aime pas qu’on me touche comme ça !), je me dégage d’un large geste du coude et je lui dis :
- Eh oh ! Laissez-moi tranquille ! On se connaît pas, ok ?
Contre toute attente, mon costume-cravate, écarquille les yeux et crie :
- Mais laissez-moi Madame, c’est insensé enfin, vous m’agressez !
Des passants se retournent et me
regardent avec un œil noir et moi, je me sens mal. Je me sens coupable. Je me
sens prise au piège de l’erreur judiciaire. J’ai envie de me justifier et de
dire que c’est l’inverse, que c’est lui qui m’agresse mais j’aurais l’air
encore plus coupable si je me justifiais, non ? Je ne dis rien et je
commence à partir en fulminant. Et vous savez ce qu’il fait mon costume-cravate ?
Il me rattrape par le bras, gentiment je suppose cette fois et il dit bien
fort, plus pour les passants que pour moi :
- Allez Mylène, fais pas
la gueule, c’était pour rire !
Je lui demande une dernière fois de me laisser tranquille et je pars d’un pas que je veux assuré et rapide, me retournant une fois éloignée pour voir s’il ne me suit pas mais non, il n’a pas bougé d’un iota…